Agnès Perruchon

Peindre pour me relier au vivant, au visible, afin d’essayer d’accéder à l’invisible, voir au sacré et le traduire sur ma toile.

Accroupie au milieu de la forêt en Haute-Savoie, enfant, je passais des heures à observer et à m'oublier, nourrissant mon cœur et mon œil des émotions et rencontres vécues dans ces paysages de montagne. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours ressenti le besoin de les peindre !

Aujourd’hui, à chaque processus créatif, je suis dans un état d'entière communion avec la nature, totalement ouverte aux éléments que je veux transcrire sur ma toile. Suivant le voyage sensoriel qui m’anime alors, je cherche à traduire la réalité avec un degré d'abstraction plus ou moins présent.

Lors de mes créations je ressens le besoin de laisser vivre et communiquer les couleurs entre elles, ne pas séparer ni fragmenter et permettre que les vibrations des pigments éveillent un frisson, une surprise, un ressenti, voire un voyage

Je crée pour ré-veiller le regard ou, comme le dit Jean-Yves Leloup, « Voir avec une conscience qui fait de toute chose une présence ».

« Lorsque l'on s'ouvre à voir, mais voir vraiment, on accède à un nouvel espace, on crée une ouverture et il me plaît à imaginer que cela permet une meilleure relation et union entre toutes les facettes du vivant sur cette terre.

Que cette ouverture aide les hommes à trouver le chemin de l'Unité et la Paix.

Dans la peinture de Turner, ce qui me touche au plus profond de mon être, c’est la manière dont les éléments naturels sont traduits; L'eau, la terre, le feu, et le ciel se noient, se dissolvent entre eux. J’éprouve de même un réel plaisir à jouer avec la lumière, si variable d’une heure à l’autre, peindre l'évanouissement des contours, c'est pourquoi les œuvres de Monet et Renoir notamment, me parlent depuis si longtemps.

Ne pas séparer ni fragmenter mais laisser vivre et communiquer les couleurs entre elles, permettre que les vibrations des pigments éveillent un frisson, une surprise, un ressenti, voir un voyage lors de  ma création

De même, élargir l’espace sur la toile, y ajouter une notion d'immensité, effacer les limites, inviter la brume, cela me tient particulièrement à cœur. Susciter une communion entre la couleur, le vide et la matière afin d’inciter le regard à cheminer dans la toile…

Zao WOU-KI l'illustre magnifiquement dans son travail et comme il le dit :

« Je voulais peindre ce qui ne se voit pas, le souffle de la vie, du vent, le mouvement, la vie des formes l'éclosion de la couleur et leur fusion ».